Budget 2026 : les seniors en première ligne des nouvelles mesures fiscales !

Julien Varnel

octobre 20, 2025

Budget 2026 : les seniors en première ligne des nouvelles mesures fiscales !

Le projet de budget 2026 que le gouvernement français vient de présenter frappe d’abord par son ambition de maîtriser durablement les comptes publics tout en opérant quelques « choix visibles » à destination des ménages, des retraités et des entreprises.

Derrière l’écosystème budgétaire, c’est une stratégie politique et économique qui s’ouvre, et il est important de bien cerner les mesures majeures pour en comprendre les effets à court et moyen terme.

Pour les ménages : gel des tranches d’imposition et retraités concernés

L’un des leviers utilisés est le gel du barème de l’impôt sur le revenu et de la contribution sociale généralisée (CSG). En clair, les tranches ne sont pas revalorisées pour l’inflation, ce qui entraînera mécaniquement plus de contribuables imposables ou une hausse de leur imposition.

Le gouvernement attend de cette mesure environ 2,2 milliards d’euros de recettes supplémentaires.

Par ailleurs, pour les retraités, l’abattement de 10 % sur les pensions est remplacé par un abattement forfaitaire de 2 000 euros : certaines catégories de retraités verront leur imposition diminuer, mais les retraités les plus aisés seront défavorisés.

A noter aussi : la prolongation d’une contribution différentielle pour les hauts revenus (CDHR) – applicable aux foyers dont les revenus dépassent 250 000 euros pour un célibataire ou 500 000 pour un couple – est reconduite.

Les niches fiscales ne sont pas oubliées : la suppression de 23 d’entre elles – jugées obsolètes ou inefficaces – est prévue pour rapporter environ 5 milliards d’euros.

Les ménages seront donc, au sens large, touchés par un mélange d’allègements ciblés et de renforcement de l’effort fiscal.

Pour les entreprises : mesures ciblées et production en ligne de mire

Sur le plan des entreprises, le budget présente une série de mesures structurantes : d’un côté, de nouveaux impôts ou taxes ciblant les grands groupes et holdings ; de l’autre, la suppression anticipée d’un impôt de production (la CVAE) pour alléger le coût du travail et de l’investissement.

Attention : cette suppression de la CVAE est avancée à 2028, soit deux ans avant la date initialement prévue. Le coût estimé est de 1,3 milliard d’euros.

De même, le seuil de franchise de TVA pour les auto-entrepreneurs est fixé à 37 500 euros de chiffre d’affaires, et abaissé à 25 000 euros pour les micro-entreprises du bâtiment. Autres mesures : la reconduction de la surtaxe sur les bénéfices des grandes entreprises, bien que rendue moins lucrative (4 milliards d’euros) et une nouvelle taxe visant les holdings patrimoniales, avec un rendement espéré d’environ 1 à 2 milliards d’euros.

Voici un tableau récapitulatif des principales dispositions destinées aux entreprises :

MesureCibleEstimation de rendement ou coût
Surtaxe sur les grandes entreprises400+ entreprises (> 1 milliard d’€ CA)~4 milliards €
Taxe sur holdings patrimoniales~10 000 contribuables~1 milliard €
Suppression anticipée de la CVAEToutes entreprises concernéesCoût ~1,3 milliard €
Franchise de TVAAuto-entrepreneurs / micro-entreprises bâtimentSeuils modifiés (37 500 € / 25 000 €)

Fonction publique, dépenses publiques et priorités budgétaires

L’effort sur les dépenses est également au cœur du projet. Le budget prévoit une baisse « en valeur » des crédits ministériels, sauf exceptions fortes – notamment pour le ministère des Armées (+6,7 milliards d’euros), l’Intérieur (+600 millions) et la Justice (+200 millions).

Il est important de noter que « baisser en valeur » signifie que, sans revalorisation pour l’inflation, il s’agit d’un effort réel : les moyens budgétaires sont gelés ou réduits pour beaucoup de départements ministériels.

Autre mesure structurante : la suppression prévue de 3 119 postes de fonctionnaires pour 2026, dont 1 735 parmi les opérateurs et agences de l’État. Cela traduit un souhait d’efficience ou d’ajustement de la dépense publique.

Le cadre budgétaire global prévoit environ 14 milliards de recettes supplémentaires couplées à 17 milliards d’économies sur les dépenses. On juge l’effort global à 30 milliards – mais selon le Haut Conseil des finances publiques (HCFP), cet objectif est « difficile à atteindre »

Risques, équilibres et enjeux pour les citoyens

Ce budget présente des choix forts mais aussi des tensions. Le gel du barème de l’impôt et la non-indexation des prestations sociales ou des retraites (gage d’économies) posent la question de l’équité entre les générations et catégories sociales.

Le texte prévoit ainsi que les prestations sociales et pensions ne soient pas indexées sur l’inflation pour 2026, et qu’à partir de 2027 soit introduite une sous-indexation de 0,4 point.

Pour les ménages modestes ou moyens, c’est la perspective d’un renchérissement relatif de la fiscalité. Pour les retraités et bénéficiaires de prestations, l’“année blanche” est un signal fort.

Côté entreprises, si certaines mesures sont favorables, d’autres (taxes sur holdings, suppression de niches, réduction du seuil de TVA) peuvent être jugées comme des contraintes accrues.

En somme, l’équilibre budgétaire repose sur une combinaison de hausses de recettes, d’économies internes et de redéploiements. Le citoyen doit garder en tête :

Les effets peuvent différer selon la situation personnelle.

Le texte devra passer l’hémicycle puis le Sénat, donc des amendements sont possibles.

Les mesures entrent en application progressivement, parfois au-delà de 2026.

Liste des principales mesures à retenir

  • Gel du barème de l’impôt sur le revenu et de la CSG.
  • Abattement forfaitaire de 2 000 € pour retraités.
  • Suppression de 23 niches fiscales (gain ~5 milliards €).
  • Suppression anticipée de la CVAE (coût ~1,3 milliard €).
  • Taxe holdings / surtaxe sur grandes entreprises.
  • Suppression de 3 119 postes de fonctionnaires.

Ce projet de budget 2026 marque un tournant dans la façon dont l’État français entend gérer ses finances publiques : plus rigueur, ciblage accru, et un message envoyé aux contribuables et aux entreprises.

Il convient d’y porter attention, car les effets sur le pouvoir d’achat, la fiscalité et les services publics se feront sentir dans les mois à venir.