La Cour des comptes vient de lancer un pavé dans la mare : elle propose de revoir, voire de supprimer les avantages fiscaux du Plan d’Épargne Retraite (PER), jugés trop coûteux pour les finances publiques.
Ce dispositif, pourtant conçu pour encourager les Français à préparer leur retraite par capitalisation, représenterait un manque à gagner d’environ 1,8 milliard d’euros par an pour l’État. Une annonce qui fait grincer des dents chez les épargnants, notamment les seniors, qui y voient un risque direct pour leur avenir financier.
Le PER dans le viseur des sages de la Cour
Le PER, lancé en 2019 dans le cadre de la loi PACTE, visait à inciter les Français à se constituer une épargne retraite complémentaire. Son principal atout repose sur une déduction fiscale des versements effectués, un avantage plébiscité par les classes moyennes et supérieures. Mais pour la Cour des comptes, cette mesure coûte cher et profite de manière disproportionnée aux foyers les plus aisés.
Selon elle, le PER ne remplit pas pleinement son objectif initial : il ne participe que marginalement au financement du système de retraite, et reste davantage un outil de placement qu’un véritable mécanisme de solidarité intergénérationnelle.
À noter : la Cour insiste sur la nécessité de “réorienter” cette épargne vers l’investissement productif, plutôt que de simplement subventionner un avantage fiscal.
Un dispositif jugé inégal et peu efficace
Les magistrats financiers pointent du doigt plusieurs déséquilibres. Le premier concerne la répartition des bénéficiaires : les contribuables les plus imposés profitent largement du mécanisme de déduction, tandis que les foyers modestes, peu ou pas imposables, n’en retirent que peu d’intérêt.
Deuxième constat : les sommes placées sur les PER restent en grande partie investies dans des supports prudents, peu dynamiques, limitant ainsi leur effet sur l’économie réelle.
Important : le PER coûte à l’État plus qu’il ne rapporte en termes d’activité économique. Autrement dit, son effet d’aubaine l’emporte sur sa fonction sociale. D’où la question posée par la Cour : faut-il continuer à subventionner un produit d’épargne qui ne bénéficie qu’à une minorité ?
Quelles pistes de réforme envisagées ?
Le rapport de la Cour évoque plusieurs scénarios possibles pour alléger la facture et redéfinir le rôle du PER.
- Réduction des avantages fiscaux : plafonner ou limiter la déduction des versements afin de concentrer l’aide sur les classes moyennes.
- Réforme du mode de sortie : rendre le retrait des fonds plus progressif pour éviter les effets de rente immédiats.
- Réorientation des placements : encourager l’investissement dans les PME ou les projets écologiques, afin d’augmenter l’impact économique du dispositif.
- Clarification de la finalité : distinguer plus clairement le PER “placement” du PER “retraite”, afin d’éviter les confusions actuelles.
Voici un tableau récapitulatif des principaux enjeux soulevés :
Problème constaté | Conséquence actuelle | Solution envisagée |
---|---|---|
Coût fiscal élevé (1,8 milliard €) | Perte de recettes pour l’État | Réduction ou plafonnement des déductions |
Inégalité entre contribuables | Avantage concentré sur les hauts revenus | Ciblage social du dispositif |
Impact limité sur l’économie | Peu d’investissement productif | Réorientation vers entreprises et transition verte |
Flou sur la finalité | Confusion entre épargne et retraite | Clarification et contrôle renforcé |
Que doivent faire les épargnants ?
Attention : il n’est pas encore question d’une suppression immédiate du PER, mais le signal est clair. Le dispositif pourrait être revu dès 2026, notamment sur le plan fiscal. Pour les épargnants déjà engagés, la meilleure attitude consiste à anticiper les changements. Cela passe par :
- Une réévaluation régulière de son contrat : frais, supports, performance et conditions de sortie.
- Une diversification de ses placements : ne pas concentrer toute son épargne retraite sur le PER, mais aussi sur des supports plus liquides comme l’assurance vie ou l’immobilier.
- Une veille sur les annonces budgétaires : une réforme fiscale peut modifier les avantages déjà acquis.
À noter : pour ceux proches de la retraite, il peut être pertinent de sécuriser une partie du capital accumulé, avant qu’un éventuel changement de régime fiscal ne vienne en altérer la rentabilité.
Le Plan d’Épargne Retraite, présenté comme une révolution de la capitalisation à la française, est désormais au cœur d’un débat politique et économique. La Cour des comptes dénonce son coût et son efficacité limitée, tandis que les épargnants redoutent la fin d’un dispositif qui leur offrait enfin un levier pour compléter leurs revenus futurs.
Une chose est sûre : l’avenir du PER se jouera dans les prochains mois, entre rigueur budgétaire et besoin de stabilité pour les retraités.